dimanche 18 mai 2008

Chapitre 36

Mes yeux sont secs. Je pleurerais plus tard. Je n’ai pas le temps là. Ce n’est pas encore le moment. En me rappelant, en me souvenant de tout, plus tard, je pleurerais. Alors à ce moment là je laisserais couler mes larmes. Et j’inonderais mon corps.

Mes amies me regardent avec inquiétude. On me dit que je suis pâle, on me demande si ça va, on me propose de l’eau.
Je suis désolée de ne pas pouvoir leur répondre quoi que ce soit, je reste pétrifiée, les yeux fixes, le regard loin devant moi.

Je sens qu’on me force à m’asseoir, Loly s’inquiète de mon sourire, on s’attendait à des larmes. Mais je vous l’ai dit, les larmes ce sera pour plus tard.
Je sens des caresses sur mes cheveux, je sens le métal froid du banc sur lequel je suis assise, je sens le parfum de Mannee collée tout contre moi, j’entends ses reniflements, je sens la pression de la main de Krys. On me murmure, on me chuchote des paroles réconfortantes.
Le froid me pique la peau, mes cheveux flottent dans le vent.

Il fait nuit. Il est tard. Et Tom est parti.


J’ai son regard dans ma tête, je vois encore ses lèvres qui remuent silencieusement, je vois son sourire triste, je vois sa main me faire un dernier signe, je le vois monter dans le Bus, je me souviens avoir suivi des yeux le véhicule au plus loin que je pouvais.


Le concert avait été magnifique, et j’avais du faire la file avec les autres. Pas de passe droit ce soir. Tom m’avait appelé sur mon portable quelques minutes après la fin du concert, quelques minutes après que les lumières se fut rallumées.
On s’est rejoins, je suis entrée en backstage, il m’a entrainé dans un coin discret, il m’a embrassé, en silence, sans un mot. Mes yeux me brulaient, ma tête me tournait, mon cœur ne battait plus.

Je me rappelle la pression de ses bras sur mon corps, je me rappelle ses lèvres chaudes qui esquissaient des sourires rassurants. Je n’avais plus de mots à dire, je voulais juste m’imprégner des instants. Des derniers moments.
Je souriais inconsciemment, je voulais lui crier mes sentiments, mais ma pudeur me l’interdisait.

Ses doigts caressaient ma peau comme pour l’apaiser, ses paroles se voulaient gaies et indifférentes. Ses yeux rieurs, son sourire charmeur étaient bien présents, je les ai incrustés dans mon cœur pour toujours.

On s’est tenu serrés l‘un contre l’autre, sans se lâcher. J’ai respiré son odeur, imprimé le gout de ses lèvres. Les minutes passaient mais nous étions ailleurs, là où le temps n’existe plus. Pour nous tout était figé.

Je me souviens le ton de sa voix quand il m’a dit, « je dois y aller ». La désolation de son regard.

Il m’a pris par les épaules et m’a demandé de le regarder dans les yeux. Mes yeux si brulants de fièvre, ma tête si douloureuse de devoir renoncer, mon cœur inexistant, comme envolé, arraché de mon corps pour le suivre lui.

Toutes ces courtes phrases inoubliables, ses mots prononcés avec douceur et tendresse. Je ne les oublierais pas.

David lui même est venu le chercher. Discrètement, pour ne pas nous gêner. Mais il était l’heure. Ils n’avaient plus le temps.

Un dernier baiser sur les lèvres, un dernier sourire, et un objet sorti de nulle part qu’il me fourre dans la main sans que je m’en rende compte.

Je me suis retrouvée dehors près de mes amies sans véritablement m’en rendre compte. Plusieurs dizaines de fans attendaient le groupe pour le voir partir.
Le froid et le vent régnaient sur Toulon ce soir là comme ils régnaient dans mon corps.

Les garçons sont sortis, pas d’autographes.
Tom fut le dernier à monter ; me cherchant du regard, un dernier regard, un dernier sourire, un dernier signe de la main.
Le bus est parti.

- Yu réagit s’il te plait ! Tu nous fais peur.

Je lève les yeux vers Trina agenouillée devant moi.

Je les baisse de nouveau, incapable de prononcer un seul mot.
Je regarde mes mains, mes poings serrés sur mes genoux.
Je tiens quelque chose dans ma main droite.
Un petit objet que je tiens fortement, si fort que mes doigts crispés ont du mal à s’ouvrir.

Reprenant esprit, je détends mes doigts.
Une petite boite dans le creux de ma main.
Un petit écrin de velours noir.
Je mets du temps à prendre conscience.

Lentement j’approche l’objet de mon visage, mes amies sont silencieuses et me regarde faire, toutes stupéfaites.

J’ouvre l’écrin, si lentement que je me sens comme dans un rêve au ralenti.

Le petit coffret s’ouvre.
Sur un tissu d’une blancheur éclatante, sur la soie douce, un pendentif en or incrusté de diamants.

Délicatement je prends l’objet fragile et l’approche de mes yeux, comme pour me persuader qu’il existe vraiment.
Un petit cœur d’or, décoré d’un autre cœur plus petit tout incrusté de petits diamants étincelants. La chaine si fine et si raffinée semble toute fragile.
Je sens mes joues se mouiller.

Instinctivement, je retourne le pendentif.
Je ferme les yeux.

Sur le dos du si joli cœur il y a écrit quelque chose.

Mes yeux se ferment de nouveau.
Je sens près de moi la chaleur de mes amies.

Dans le creux de ma main, le pendentif retourné je lis le petit message gravé dans l’or fin et précieux et enfin je souris.

« Love Yu »

Chapitre 35

Il commença sa phrase de façon inattendue alors qu’on était penchés sur un magazine pour ados.

- Tu es sure que pour Milan c’est foutu ?
- Oui, je dois reprendre le travail, je n’ai pas le choix.

Il restait silencieux, je me disais que la notion « je dois retourner au travail » n’avait pas vraiment de signification concrète pour lui. Il mordillait sa lèvre et je voyais son piercing bouger de bas en haut.

Le silence tomba après l’animation des dernières minutes.

- J’ai du mal à me dire que je ne te reverrais plus.

Je ne répondis pas mais me concentrais à détailler son visage tout près du mien. J’y enregistrais mécaniquement le son de sa voix, la lueur de ses prunelles sombres, et les mouvements de ses doigts autour de son visage et de ses cheveux.

Je gardais toujours le silence. Je ne voyais pas ce que je pouvais répondre. J’avais fait abstraction de notre dernière nuit, je m’étais efforcée de ne pas y penser. Mais l’inévitable était là, et je m’y trouvais en face.
Me voyant silencieuse il continuait.

- On repart pour une tournée aux USA, je trouverais bien une petite américaine pour te remplacer.

Je levais de nouveau mon regard vers lui, amusée. Son sourire éclairait son visage et de ses yeux brillant il me disait tout autre chose.

- Je suis persuadée que tu sauras très bien t’entourer.

Je faisais tout mon maximum pour parler sans émotion, de façon neutre.
J’étais au bord des larmes.
Il me fit un clin d’œil et se leva.
Je restais seule sur la terrasse.
Appuyée à la rambarde, je regardais la nuit, le scintillement de la mer qui remuait devant moi.
Je sentis un corps chaud dans mon dos et deux bras tendres m’encercler.
Je fermais les yeux, et silencieusement, regardant droit devant nous, on goutait nos derniers moments ensemble.


Il était près de 7h du matin quand mes yeux s’ouvrirent. Me retournant contre le corps chaud près de moi, je vis que Tom était réveillé. Il m’observait, le visage barré d’une dread.

- Reste encore un peu.

Sa main agrippa la mienne et nos doigts s’entremêlèrent fortement.

- Ce soir après le concert je n’aurais que quelques minutes pour te dire au revoir. Je n’ai pas le choix, Saki me l’a encore répété hier soir, le timing est trop court.
- Ok.

Je me forçai à sourire, tentant vainement de retenir les larmes qui me piquaient les yeux.
Puis elles roulèrent sur mes joues. Avec la meilleure des volontés je ne pus les retenir davantage. Je passais le dernier moment intime avec Tom.
Des images se bousculèrent dans ma tête.
Allongés dans ce lit, face à face, on se regardait et des milliers de choses pouvaient se lire dans nos regards, figés dans l’obscurité matinale.

Notre première rencontre, assez spéciale, notre première nuit assez intense, les nuits qui suivirent, l’odeur, la peau, les cheveux, le cou, les yeux, la bouche, sa langue, ses doigts, ses bras, ses jambes. Tout s’entassaient pèle mêle dans mon esprit.
Un sourire imperceptible se dessinait sur nos bouches. Comme si nos esprits étaient à l’unisson, et que nos pensées étaient tournées vers les mêmes souvenirs.

Un long moment passa ainsi et c’est un sms sur mon portable qui nous sorti de nos songes.
Mes amies m’attendaient en bas de l’hôtel.

Je reposai le portable sur le chevet et tournant un regard humide sur ce jeune homme qui m’avait fait passer les plus beaux moments de ma vie, je lui souris du mieux que je pus.

Il m’ouvrit ses bras et je m’y jetais, toute tremblante d’émotion, toute tremblante de tristesse.
Ses mains caressaient mes cheveux, je sentais nos deux cœurs battre très fort.

D’un ultime effort, je m’écartais doucement. Tout doucement, je pressais mes lèvres sur les siennes. Puis je sortis du lit pour me préparer à partir.

Chapitre 34

A la lecture de cette carte je me surpris à rire toute seule. Tom m’avait filé la carte pour que je le rejoigne. Mais tout Nice savait déjà où les garçons dormaient ce soir. Le Radisson devait déjà être envahi à cette heure-ci.

- Ne crois pas y aller toute seule cette fois, on y va toutes, on est toutes invitées.

Kris me chuchotait dans l’oreille. Je lui répondis par un clin d’œil.
J’étais moins enthousiaste que les autres fois.
Revoir Tom et passer la nuit avec lui me faisaient toujours rêver. Mais voilà. J’étais en période rouge.
Lolly en avait ri à s’en décrocher la mâchoire ce matin quand je le lui avais dit.

Assises autour d’une petite table, on avalait nos menus mac do comme de véritables affamées. On pourra dire que pendant cette tournée, notre alimentation avait subie une véritable révolution. On mangeait à des heures incongrues et il nous arrivait de jeuner toute une journée, ou alors l’estomac simplement comblé par de petits biscuits secs grignotés du bout des lèvres.

- Ca va Yumi ? Tu es toute pale.
- Oui oui ça va.
- Elle a ses règles.
- C’est vrai ?
- Oui je les aie depuis ce matin et j’ai un mal au ventre infernal.
- Merde ! T’as tes règles alors que tu vas passer la nuit avec Tom !
- Ce sont des choses qui arrivent…
- Et alors ? Ile peuvent autre chose que *** non ?
- Oui ils n’auront pas le choix ce soir en tout cas.
- Vous n’avez rien d’autre à dire plutôt que de parler de ça ? Dites le que vous vous réjouissez de mon malheur.
- Arrête ta parano Yu, on compatit vraiment.

Elles partirent en fou rire sous mes grimaces de douleur. Ces filles étaient toutes des tarées.

On se pointa devant l’hôtel vers 22h00. Il y avait que quelques filles. Visiblement les garçons étaient déjà entrés à l’intérieur et la séance d’autographes s’était parfaitement déroulée.

- Han ben c’est pas de chance pour vous, ils sont déjà rentrés ! Mais quelle idée aussi d’arriver si tard….

La tête de cette idiote tourna au vert quand on entra dans l’hôtel sous ses yeux grands ouverts par la surprise.

A la réception on nous indiqua le bar. Décidément ces garçons passaient leurs vies dans les bars des hôtels. Mais entrer dans le bar ne fut pas aussi simple que d’entrer dans l’hôtel. 5 agents de sécu nous barraient la route. Toby arriva à notre secours et il nous fit passer sans problème.

- On monte ?

Ca faisait une bonne heure que nous étions tous assis autour de cette petite table. Nous étions si serrés que nos genoux se touchaient tous. David et plein d’autres inconnus s’étaient joints à nous. La conversation était la plupart du temps en allemand et quelquefois, sous nos regards ennuyés, la conversation repartait en anglais.
Tom à ma droite, Bill à ma gauche, je n’étais pas à plaindre. Si seulement mon ventre me laissait un peu de répit, j’aurais pu apprécier pleinement cette soirée.

Je voyais Tom boire verre sur verre et je m’en réjouissais intérieurement. S’il buvait, il s’endormirait vite. Enfin je l’espérais, la dernière soirée arrosée m’avait prouvé le contraire. Tom même bourré, était toujours en pleine possession de ses facultés sexuelles.

- Yu, tu m’entends ? On monte ? J’ai envie de toi.
- Euh oui oui. Allons-y.

Un rapide au revoir lancé à la ronde plus tard, on était dans l’ascenseur en direction du dernier étage.

- Tom.
- Mmm ?

Il fallait aborder le sujet de la période rouge. Mais des lèvres fiévreuses me stoppaient dans mon élan. Le vieux couple près de nous prenait une mine dégoutée et faisait semblant de ne pas nous voir.

La chambre de Tom était magnifique ! Les rideaux ouverts sur la mer, les murs blancs, les plafonds hauts. En étant au dernier étage il disposait même d’une petite terrasse. La vue sur ma mer était imprenable. C’était splendide.

- C’est beau hein ?
- Oui, j’aime cette ville.
- Tu y es née ?
- Oui.

Un t-shirt atterri sur ma tête. Me retournant je vis un Tom nu comme un ver qui avançait dangereusement vers moi.

Il me fallut un petit moment pour reprendre ma respiration et retenir mon rire. Il faut dire que la situation avait un arrière gout d’éclat de rire.

- Tom
- Quoi ? Allez à ton tour…
- Ecoute…
- Allez refait moi le même strip que la première fois
- Tom écoute moi je ne peux pas… je….
- Tiens un nouveau scénario ? Tu fais de la résistance e soir ?
- Non mais….

Il était maintenant tout prêt et ses lèvres ne me donnaient pas le temps de prononcer le moindre mot.

- Tom écoute moi…
- Teu teu teu teu, je n’écoute pas, laisse-moi t’enlever ce pull, et ce jean, et ces baskets, et cette culotte…
- Tom !!! Je ne peux pas je…. Merde à la fin j’ai mes….

Comment on disait règles en anglais ? « Rules » ? Je suis sure que non. Merde.

- Tu ne peux pas quoi ?
- Ben je peux pas pas, j’ai euh … un truc de filles … tu sais bien quoi….


Il me fixa un petit instant puis baissa les yeux sur mes hanches puis me lâcha.

- Une chose de filles ?

Il réfléchit quelques secondes puis ses lèvres s’étirèrent en un grand sourire..

- S’il te plait c’est pas si drôle, arrête de rire.
- Ok, ok j’arrête.

Il me prit dans ses bras. Je sentais sa peau nue contre mon jean et des frissons violents me firent frémir.

- Je savais que ça pouvait arriver. Ben tant pis on va faire un scrabble ?

Il se foutait visiblement de moi.

Finalement on passa le reste de la soirée, sur la terrasse face à la mer, emmitouflés dans la grosse couette, à lire des magasines et des lettres de fans.
Il faisait frais mais la couette nous réchauffait délicieusement.

Tom avait remis son t-shirt, mais en caleçon, les cheveux lâchés il était méconnaissable.
Je me disais que bien des filles aimeraient connaître Tom sous cette facette et en lui souriant, je me sentais la fille la plus chanceuse de toute la Terre.


Que font un homme et une femme quand il se retrouve seuls dans une belle et grande chambre d’hôtel ?
Ben non, pas toujours.
Ce soir là, cette nuit là rien de sexuel entre Tom et moi. Juste de la tendresse et une entente amicale parfaite. Comme des amis, comme des copains de longue date.
La barrière de la langue était loin derrière nous et on commençait à se comprendre instinctivement, sans passer par la case traduction dans la tête.

Il faisait plutôt bon, et la terrasse fut notre petit havre de paix, le bruit de la mer notre bande son.

- Ce soir est le dernier. Demain soir on ne pourra pas dormir ensemble.

Chapitre 33

Il était tout juste 16h00, et je me trouvais étroitement serrée contre mon rastakwer blond. Il grignotait son 3e Mars et je le regardais en souriant bêtement. On se parlait tout doucement, pour éviter que tous les autres face à nous ne nous entendent.
L’anglais de Tom était presque parfait mais son accent allemand surgissait par moment et ça m’amusais.

- Tomorrow that’s the last date in France.
- I know that.

Son bras autour de mes épaules me pressa davantage. Il se pencha et me parla dans l’oreille.

- Viens avec nous à Milan.

Son haleine chocolatée me chatouillait la joue.

- Quoi ?
- Oui viens à Milan, c’est pas loin d’ici non ?
- Euh quand même, en train ou en voiture c’est 5 heures de route !
- Et en Bus ?
- En bus c’est pareil.

Il semblait réfléchir, je n’osais imaginer qu’en parlant de bus il pouvait parler de SON bus.

Son bras me lâcha et sa main vint se mêler à la mienne. J’emprisonnai ses doigts dans les miens tout en caressant machinalement le dessus de sa main où mes doigts suivaient le parcours de ses veines.

Bill passa devant nous pour prendre sur la table 4 petites bouteilles de coca. Il adressa un clin d’œil à son frère et lui glissa quelques mots que je ne compris absolument pas. Le suivant des yeux, je vis avec amusement qu’il retournait auprès de mes copines. Gus et Georg, tout rouge et tous sourires.

Les lèvres de Tom étaient tendres et me chuchotaient tout plein de choses délicieuses. Il me faisait rire en essayant de baragouiner quelques mots en français.

- Tu sais que notre dernière nuit me poursuit partout ? J’y pense tout le temps.
- Vraiment ? Pourtant on avait pas mal bu, je me rappelle pas de tout.
- Menteuse va ! Comment peux-tu prétendre avoir oublié mes prestations ?
- T’as raison, j’ai rien oublié du tout. J’y pense constamment et je suis sans arrêt en train de me couvrir à cause des frissons que ça me procure.
- Tu te fous de moi ?
- Nein.
- Si si tu te moques de moi. On avait bu c’est vrai mais je me souviens de presque tout. Même quand tu me suppliais…
- Quoi ? Quand je te suppliais ? Dans tes rêves oui.
- Mais oui tu me suppliais d’arrêter, que tu en pouvais plus, que c’était trop bon, que je te rendais f….
- Stop !!!

Prise d’un fou rire mêlée à un affolement, je lui mis la main sur la bouche. Sa grosse voix avait monté en puissance et certains regards étaient déjà sur nous.

- Chut ! T’es dingue de parler si fort !
- Y a pas de honte chérie tu sais. Et ça veut dire quoi chut ?

Je n’eus pas le temps de lui répondre, Saki stoppa les divertissements. Tom eu juste le temps de me glisser une petite carte dans les mains et les TH réunis de nouveau nous firent de grands signes avant de sortir rapidement.

- Allez la fête est finie. Espèce d’allumeuse.

La dernière phrase dite en chuchotant m’était spécialement destinée. Je reconnus la voix de F. Le hasard faisait que c’était ce charmant jeune homme qui devait nous conduire jusque dans la salle du Palais.

- Garde tes commentaires pour toi s’il te plait.

Il ne répondit pas et rejoignant mes copines on se laissa entrainer.

Décidément le public niçois était calme. Enfin… quand je dis calme c’est relatif. Disons qu’il était bien plus calme que les précédents publics.
Du coup, accrochées à nos barrières le concert nous apparut comme le meilleur. Bien sur les hystériques hurlantes étaient au rendez vous. Mais faut croire que les niçoises ont les cordes vocales moins puissantes que les autres.

Nous étions plus au centre ce soir là. La scène n’avait pas d’avancée et nous nous étions mises juste face à Bill.
Bill n’avait plus réitéré sa folie sur Shrei, et aucune fille ne fut choisie pendant la chanson. J’avais pris tout de même la précaution de me faire extrêmement discrète à ce moment là. Bill m’ayant sous les yeux avait repéré mon manège et en avait souri.

Petite nouveauté n’empêche, Bill chanta Wir schliessen uns ein, sous des yeux éberlués par tant de chance. Le public niçois se sentit favorisé et une ovation magnifique accompagna les garçons jusqu’à leur sortie de scène.

Machinalement je sortis la petite carte blanche de la poche de mon jean.

*Radisson SAS, Promenade des Anglais, Nice*

Chapitre 32

Dimanche 28 octobre, Palais Nikaia à Nice.
Je souriais niaisement depuis le matin. On était sur mes terres, sur mon sol, à 5 mn de chez moi. Et les TH allaient faire un concert sur mon territoire. Ca me mettait dans un état de béatitude stupide.

Comme prévu au programme établit longtemps à l’avance, nous avions eu la chance d’entrer dans le Palais avant tout le monde. En effet, mon ex amour de ma vie, bossait dans la sécurité et j’avais renoué un contact quelques mois auparavant, certaine qu’il ne pourrait me refuser le privilège d’entrer dans le Palais avant les autres. Mission accomplie. Nous étions dans l’enceinte du bâtiment. Mais confinées à un périmètre bien défini. Nous avions l’ordre de ne pas en bouger sous peine de nous faire expulser comme des malpropres.
L’air sérieux de mon ex donnant ces indications me faisait doucement rire. Décidément il ne m’impressionnerait jamais.

Assises toutes ensembles sur nos pulls, nos lunettes de soleil sur le nez tentaient de faire rempart aux rayons de soleil tièdes de cette fin d’octobre, on grignotait nos biscuits sans grande conviction.


- Yu c’est super d’être déjà là mais Tom t’as dit à quelle heure ils arrivaient ?
- Non. Vous le savez bien.
- Je te pose quand même la question car autant il continue à t’envoyer des sms et tu ne nous dis rien.

Je levais mes yeux vers Trina qui m’observait sans sourire.

- Non Trina il ne m’a envoyé aucun sms depuis l’autre soir et tu le sais très bien. Arrête un peu avec tes allusions à la con.
- Oh ça va les filles calmez vous un peu ! Trina arrête de la harceler comme ça.

Trina pinça ses lèvres et se plongea dans la lecture de son magasine. Envoyant un pauvre sourire à notre médiatrice préférée, je remis mes écouteurs mp3 et appuya ma tête contre le mur glacé.

- Sabrina !!!!

J’ouvris les yeux dans un sursaut, j’avais réussi à m’endormir assise contre un mur.
F. était devant moi et visiblement ça devait faire un moment qu’il m’appelait.

- Oui ?
- Ah quand même !! Viens avec moi s’il te plait.

Sous les regards surpris et intéressés de mes amies, je me levais péniblement, ankylosée par ma position statique. Il me prit par le bras et m’emmena un peu plus loin.

- Qu’est ce qu’il y a ?
- Tu connais le groupe ?
- Hein ?
- Ben oui le groupe, les allemands, tu les connais ?
- Euh, oui, non, pourquoi ?


Il me sondait de ses yeux noirs comme pour y trouver une trace de mensonge.

- Tu me gonfles F. Si je les connaissais je ne me taperais pas la file d’attente et je ne t’aurais rien demandé.
- Ok mais explique moi pourquoi y un rastakwer qui a demandé à ce qu’on vous fasse entrer.
- Hein quoi ? Ils sont arrivés ?
- Ils sont arrivés depuis une demi-heure et ils vous ont vu. Regarde la baie vitrée tout en haut. On vous voit de là.
- Ah.
- Tu les connais ou pas ?
- Tu sais quoi ? Tu m’emmerdes avec tes questions. Ils ont demandés à ce qu’on entre ? Alors fais nous entrer au lieu de jouer les inspecteurs.
- Vas y fait ta maline. Va chercher tes copines je vous attends là et bougez vous.


F. tirant une gueule de 3 mètres nous poussa presque dans les couloirs. Il nous fit entrer dans une grande salle, probablement un réfectoire.

- Amuse-toi bien avec ton bébé rappeur…

Me lançant un regard noir il recula pour se joindre au 2 autres vigiles postés à l’entrée de la salle.
Les garçons étaient tous là et nous accueillirent avec de grands sourires. Mes amies se dispersèrent pour rejoindre leur chouchous et me retrouvant seule, je regardais Tom avancer vers moi, un grand sourire aux lèvres. Il était habillé tout en blanc et seule une écriture violette sur son t-shirt, apportait une touche de couleur à sa tenue immaculée.
Une fois de plus, il était très beau.

- Salut Yu !

Il pressa ses lèvres contre les miennes, comme si de rien n’était. Dans mon dos je sentais la brulure d’un autre regard.

Chapitre 31

- Bien cuit ?
- Non saignant Kris !
- Et toi Trina ?
- Moi j’aime pas la viande !!!
- Oh toi tu nous gonfles


Après s’être écœurées de pizzas, de Mac Do et de sandwich, on avait enfin décidé à se bouger un minimum pour aller nous acheter de quoi manger sainement.
Il était plus de 22h et Kris nous faisaient cuire des steaks sous la mine dégoutée de Trina, végétarienne à ses heures perdues.

Me moquant de la végétarienne occasionnelle en riant, je me penchais vers mon téléphone sur la table basse. Un texto venait d’arriver. Ce n’était seulement que le 20e de la journée.
Je m’étais découvert un réseau d’amis bien fourni depuis quelque temps.

- Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!!!!

C’est tout ce qui sortît de mon corps.

- Nan mais ce numéro est étranger, putin !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Lolly s’était rapproché de moi rapide comme l’clair.

- Lis-le vite !!!!
- Ah oui…. Faut que je le lise….

« Salut Yu ! Nous sommes encore à Hambourg et il pleut L. Dimanche approche…et j’ai hâte de te revoir. Je dois avouer que tu me manques. Je t’embrasse. Tom. »

Le silence régnait. Je venais de lire à voix haute l’anglais du sms de Tom. Je planais au dessus du salon tant j’étais heureuse.

Kris rompit le silence d’une voix douce :

- Yu tu as son numéro maintenant….


Je lui répondis par un sourire. Un sourire qui contrastait avec l’humidité de mes yeux.
Manne se jeta dans mes bras.

- Oh Yu c’est génial ma chérie, je suis contente pour toi !
- Tom est décidément très surprenant, ajoutait Lolly
- Répond lui Sab
- Oui répond lui, c’est la moindre des choses !
- Vous croyez ?
- Ben attends !

J’adressai un regard malicieux à mes amies, puis cachant le téléphone sous mon pull je leur dit :

- Avouez que vous crevez d’envie de le connaître son numéro !
- Tu ne vas pas nous le donner ?
- Jamais de la vie !!!
- Mais allez ! Je l’appelle de suite pour parler à Bill
- Nein, oubliez !!!
- C’est bon les filles elle a raison. On ne va pas jouer els folles furieuses aussi.
- Je trouve déjà qu’il a vraiment confiance en Yu pour lui envoyer son numéro.
- Tu vas lui répondre quoi ?
- Je ne sais pas encore mais par contre vous, vous ne le saurez jamais.
- La gaaaaaarce !!


Essayant avec difficulté d’échapper à une envolée de coussins, je m’enfermais dans la salle de bain pour écrire un sms en paix, seule en silence.
Avant de sortir de la salle de bain, je fis un dernier effort pour effacer le message de Tom, afin de ne jamais être tentée de lui écrire, après la tournée.

Chapitre 30

- Pendant une semaine vous vous rendez compte ? On ne va pas les voir pendant toute une semaine !!!
- Ne nous plaignons pas, on va quand même les revoir et pour encore 2 dates
- Ca sent la fin n’empêche
- Yu, tu ne parles pas tout va bien ?


Surprise dans mes pensées, j’allongeai d’un air las mes jambes sur le canapé. Touchant du bout du pied une Mannee dans le même état de léthargie que moi.

- Profitons de cette semaine de répit qui arrive. Les jours qui viennent de s’écouler étaient assez spéciaux et fort en émotion.
- Surtout pour toi ma Yu.

Je souris à Kris.
La dernière soirée avait été mémorable car les filles avaient enfin réussies à débaucher les 3 garçons qui leur résistaient encore.
Mannee avait fait craquer de nouveau Gustav, Kris avait décoincé Georg et nous avions eu la chance d’entendre 1000 détails sur leur nuit torride, Lolly et Trina avaient réussi à se partager Bill.
Bon, elles étaient atrocement déçues de n’avoir rien pu faire de sérieux avec lui. Elles auraient même été prêtes à concevoir le triolisme.
Mais Bill avait résisté à ces folles furieuses.
Mais elles gardaient tout de même la fierté d’avoir obtenu quelques baisers osés. Quelques baisers volés à Bill Kaulitz, y avait de quoi combler d’histoires les futurs petits enfants, durant les vieilles années à venir.

On s’estimait également en journées off. Après des journées et des nuits bien tumultueuses, j’appréciai aussi le fait de me poser enfin.
Dans mon appartement niçois, on attendait une bonne semaine avant de terminer « notre » tournée par 2 dates.

Tom m’avait confié qu’ils repartaient tous en Allemagne pour un bref repos. Il s’était réveillé en même temps que moi ce matin là. Il était près de 6h quand j’avais ouvert les yeux. Je m’étais doucement tourné vers lui et j’avais écarté une de ses mèches pour mieux voir son visage.
Il avait ouvert un œil voilé et m’avait attiré contre lui.
Je m’étais étouffé contre sa peau et j’avais prié de tout mon cœur pour que le temps s’arrête.
En vain.

Je me suis dégagée tout doucement et j’avais entrepris de m’habiller comme à mon habitude.
Seulement cette fois, une paire d’yeux au regard profond m’observaient.
J’avais esquissé des sourires et des clins d’œil mais je n’avais pu empêcher une larme perler au coin de l’œil quand une fois la porte de la chambre refermée, je me retrouvais à traverser le couloir.

- Je sais que ça fait 3 fois que je le répète mais Georg m’a dit qu’on se reverrait à Nice mais aussi à Toulon !
- Gusti aussi me l’a dit.
- Tom aussi me l’a dit.
- Bill nous a rien dit mais il devra céder à la majorité.


On passa la semaine à paresser. Entre les réveils extrêmement tardifs et nos rigolades nocturnes. On passait bien entendu nos journées et nos nuits à parler des garçons et à chaque instant à chaque mouvement, on ne pouvait s’empêcher de les évoquer.
On se racontait même nos rêves de la nuit.

On passait aussi beaucoup de temps sur les forums. Avec grande surprise j’y lisais des sujets me concernant. Certaines filles m’avaient vue entrer avec Tom le soir de Lyon et d’autres avaient surenchéri en prétendant m’avoir souvent revue, même à des endroits où je ne me souviens n’être jamais allée.
Mon prénom ne filtrait pas et tant mieux. Pour brouiller les pistes on postait des commentaires en dénigrant totalement ces rumeurs et en raisonnant du mieux qu’on pouvait toutes les jeunes affolées.

Sur un autre forum j’eus un peu plus la trouille car sur une photo des garçons entrant dans leur hôtel, on m’y voyait de dos tout près de Toby. Aucune légende ne releva ma présence, très bizarrement. Il faut aussi avouer que la photo très floue ne me visait pas mais montrait Bill en pleine séance de dédicace. Et bien sur, je suis la seule à m’être reconnue.
Ce qui fit bien rire Trina.

On parlait aussi de ma montée sur scène sur Schrei à Toulouse. Et là par contre des photos y en avaient quand même pas mal. Je remerciais celles qui m’avaient reconnue et je dus répondre à une bonne vingtaine de mp sans parler des coms et mails sur myspace.
Merci Bill….